
Declaration FCPE76 au Conseil Départemental de l'Education Nationale, le 3 juillet 2025
Madame la Directrice Académique, Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,
L’École est un pilier de notre République. Elle doit incarner les valeurs de justice, d’égalité et d’émancipation. Or, les décisions prises aujourd’hui dans ce CDEN ne font qu’amplifier les inégalités et accentuer les tensions déjà très fortes dans nos établissements.
Nous ne sommes pas ici pour simplement entériner des choix déjà actés. Le CDEN est censé être une instance de consultation, d’échange, de co-construction. Mais une fois encore, nous sommes convoqués sans documents complets, sans données actualisées, sans réponse à nos sollicitations.
Comment être force de proposition si l’on ne nous transmet ni les effectifs réels ni les critères d’arbitrage ?
À quoi bon débattre si le CDEN devient une simple chambre d’enregistrement ?
Prenons quelques exemples récents :
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À Rouen, l’école Charles Nicolle comptera 27 élèves par classe à la rentrée.
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À Grand-Couronne, la situation de Ferdinand Buisson, dans un quartier QPV, reste ignorée.
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À Mesnières-en-Bray, les inscriptions compensent les départs, mais la fermeture est maintenue.
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À Dieppe, l’école Broglie, avec une unité pour enfants autistes, dépasse aussi les 27 élèves.
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Et au Havre, à Paul Bert 1, où est la réponse aux besoins exprimés par l’équipe autour de l’ULIS ?
Tout cela sans information, sans justification, et sans prise en compte des remontées du terrain. Ce n’est pas seulement une méthode inefficace, c’est une forme de mépris.
Mais l’École souffre plus largement. Elle n’est plus seulement fragile : elle est violente.
Violence dans les affectations lycée
Depuis plusieurs semaines, nous recevons des témoignages de familles choquées, perdues, en colère.
Des élèves avec des projets cohérents sont affectés dans des lycées éloignés, sans logique ni lisibilité.
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Des fratries séparées.
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Des options demandées absentes dans les établissements d’affectation.
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Des élèves d’une même commune affectés dans des lycées différents, sans justification.
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À Rives-en-Seine, des élèves de Victor Hugo envoyés à Bolbec au lieu de Lillebonne.
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À Gruchet, des consignes données aux familles se sont retournées contre elles.
Ces décisions sont injustes, et elles creusent le fossé entre les promesses républicaines et la réalité vécue.
Violence dans les collèges
Nous avions dénoncé lors du précédant CDEN le manque de moyen au collège. Résultat : les effectifs frôle les limites que nous trouvons déjà haute nous avons des remontés montrant des seuil dépassé.
Le collège Maurice Maëterlinck de Gruchet Saint-Siméon lui connaitra des effectifs supérieurs à 30 ce qui est inadmissible.
A Louise Michel, collège REP, une ouverture de 4eme permet de respecter la limite de 25. Mais la décision a été prise tardivement, ce matin même. Engendrant stress et incompréhension de l’équipe éducative.
Quel projet pédagogique peut tenir avec de tels effectifs dans un établissement en tension sociale ? Nous devons redonner de la marge pour permettre de considérer des nouvelles élèves comme une richesse et non comme une suroccupation des classes.
Violence pour les enfants nouvellement arrivé en France
Le dispositif IPE2A craque avec des besoins bien plus important que les moyens. Des enfants avec des temps de transport allongé pour aller au collège pourvu et un dispositif comptable qui d’arrête au bout d’un an au lieu de perdurer le temps nécessaire à l’enfants d’avoir le niveau réel de sortir du dispositif.
Violence pour les enfants en situation de handicap
La situation de la MDPH de Seine-Maritime est connue de tous. Dossiers bloqués, délais hors norme, familles à bout.
Les annonces d’embauche ne suffisent pas : les délais restent catastrophiques, et l’école subit directement les effets de ce dysfonctionnement structurel.
Et maintenant, les familles se lèvent
À Saint-Pierre-de-Varengeville, les parents ont lancé des journées « école morte » pour dénoncer l’inaction.
Combien d’écoles devront s’arrêter avant que la parole des familles ne soit enfin entendue ?
La FCPE formule aujourd’hui des demandes précises et urgentes :
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Une transparence complète sur les données utilisées pour les fermetures et ouvertures, avec transmission des documents au moins 10 jours avant le CDEN.
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Des affectations lisibles et équitables, respectueuses du projet scolaire, du secteur, et des demandes spécifiques des familles.
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Des effectifs plafonnés à des seuils acceptables, notamment en REP, et des moyens supplémentaires en cas de tension.
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Une réduction effective des délais MDPH, avec un système de suivi départemental des dossiers urgents.
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La création d’un groupe de suivi CDEN dès la rentrée, réunissant administration, élus, FCPE et autres représentants pour analyser les cas problématiques et prévenir les dérives.
La FCPE s’engagera avec détermination à la rentrée
Mais elle ne se contentera pas de siéger dans une instance qui ne respecte ni la transparence ni la consultation.
Notre République mérite une école digne de ce nom.
Une école qui protège, qui élève, qui respecte.
Pas une école à flux tendus, à effectifs écrasés, à décisions arbitraires.
Nous restons disponibles pour participer à toute démarche constructive.
Mais cela exige un changement de méthode.
Il est temps de remettre du sens, du dialogue et de la justice dans l’École de la République.
Merci.